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Roadtrip Partie 1 : Texas (Jour 1 à 6)

1er avril 2021: C’est le jour du grand départ. Après une première nuit d’une qualité passable dans nos nouveau matelas de sol et duvet, on a enfin bien dormi en apprivoisant la hauteur des oreillers. 

 

La neige nous accompagne sur la route 90 entre Troy et Utica au son de “Gonesville” de Ben Weir. On dépasse Buffalo et Niagara Falls où on fait notre premier plein. Après 5h de route, notre arrêt pique-nique au bord du lac Erye en compagnie d’un écureuil noir et d’un pygargue à queue blanche (Bald Eagle) est glacial. Sur la route, les noms de villes européennes se succèdent: Rome, Amsterdam, Rotterdarm, Macedonia, Toledo (Tolède), Londres… Notre traversée de la Pensylvannie puis de l’Ohio voit le retour de la neige. Le sud de l’Ohio correspond au début des grandes plaines toutes plates à perte de vue qui remplacent la forêt et les collines de l’état de New York. 6h30 après notre pause pique-nique, on atteint Cincinnati, Ohio où les cerisiers sont en fleurs. Après un bouchon de 20 minutes sur le périphérique de Cincinnati, on conduit encore trois quarts d’heure avant de se décider à s’arrêter au Hampton Inn de Carollton dans le Kentucky, à mi-chemin entre Louisville et Cincinnati. Dans notre chambre à 190 dollars, on pose nos bottes boueuses et on s’installe en mode pique-nique avec notre pain, notre fromage et notre beurre. Il fait encore froid dehors, pas loin de 4°C. Nous avons conduit 774 miles (1245 kilomètres) aujourd'hui et nous sommes à 10h de route du Texas. 

On fait une super nuit d’une traite dans le lit super confortable. Le lendemain matin, on attrape quelques céréales, des fruits et des boissons pour le petit-déjeuner qu’on mange en prenant la route. On arrive à Louisville pour le lever du soleil sous une jolie lumière et surtout sans embouteillage. Entre Louisville et Mammoth Cave, on parcourt un joli paysage valloné et boisé dans la brume. La 2*2 voies est très agréable, entouré de champs, d’une terre ocre, de quelques conifères et de Gainiers du Canada qui en cette saison sont couverts de fleurs roses qui apparaissent avant le feuillage (Eastern redbuds) le tout au son de O’Brothers (le Kentucky étant l’état du Blue grass (branche de la musique country). 

On rejoint Sonora en 1h35 puis Bellevue (Nashville, Tennessee) en 2h. Au niveau de Nashville, on abandonne le Blue grass pour du Jonny Cash ("If I told you who it was") et Dolly Patton ("Jollen"). On continue notre traversée du Tennessee vers Memphis au son d’Habib Koité. L’autoroute est très boisée (conifères), avec toujours le rose des Ganiers du Canada) et des notes orangées. 

De Memphis, on met le cape sur Little Rocks avec un changement de décor pas très heureux en faveur d’immenses champs bruns désertiques inondés (rizières). Ulysse voit des pie-grièches. 

De Little Rocks, cap sur Texarkana (ville à la frontière entre Texas et Arkansas) pour rejoindre un paysage de bocage avec des prairies très vertes où paissent des vaches. C’est là que se produit l’incident, que dis-je la première catastrophe du voyage. Rappelez-vous de l’intense préparation le mois précédent pour sélectionner les meilleurs spots d’un point de vue ornithologique du Texas en fonction des espèces que l’on voulait voir à partir des guides édités par Texas Parks and Wildlife. Sauf que les légendes ne correspondent pas aux cartes car Texas Parks et Wildlife a interverti les titres des légendes de deux régions. Je rappelle ici que le Texas est plus grand que la France en superficie. Résultat : la première partie du plan Birding est complètement chamboulée. Adieu les chiens de prairie et les roadrunners (alias BipBip alias le grand Géocoucou).

Plus on se rapproche du Texas, plus les gens conduisent vite, plus les voitures sont cabossées  et plus notre véhicule semble rétrécir en comparaison avec les voitures monstrueuses qui nous entourent et moins il y a de masques pour la COVID. 

Alors qu’on rentre dans Texarkana, on aperçoit sur un fil électrique, un oiseau à la queue démesurément longue: un tyran à longue queue (scissor-tailed flycatcher). Le voyage peut commencer!

On plante notre tente à Wright Palman Lake. 

La nuit a été un peu froide et inconfortable sur la fin car le terrain penchait sacrément. On replie nos affaires en une heure avant de prendre la direction d’Elliot Bluff où un caillebotis nous permet d’être à la hauteur des oiseaux: des cardinals en plein chant, un troglodyte de Caroline (Carolina Wren) qui s’époumone et le premier Blue-gray Gnatcatcher du voyage. 

Notre prochain arrêt est Sulphur Point qui semble être “the place to be” quand tu es un pêcheur. Sous les averses régulières, on aperçoit ce qui me semble être d’abord une poche plastique géante dans l’eau... poche plastique qui s’avère être un pélican d’Amérique absolument immense… Outre ma poche-pélican,  on y voit des cormorans, des hirondelles, des hérons et des aigrettes. 

On repart sous une pluie battante et l’oeil vigilant des vautours. On se dirige ensuite vers un autre point d’intérêt Maud & Berry Farm. Le long de la route, de jolies fleurs bleues, jaunes, oranges.. égayent les prairies verdoyantes. Sur les fils électriques, on aperçoit notre première sturnelle des prés. On cherche sans les trouver les hirondelles noires (Purple martin) et leurs nichoirs décrits dans mon guide. L’endroit n’est pas magnifique en tant que tel mais on entend une Pauline à gorge jaune (Yellow-throated Warbler) dans les arbres alors qu’on s’apprête à partir. On la trouve en compagnie d’un autre oiseau jamais vu auparavant : la Paruline orangée (Prothonotary Warbler).  C’est un Lifer (en anglais, un Lifer c’est quand on voit pour la première fois de sa vie une nouvelle espèce). 

On se remet en route avec la ferme intention de s’arrêter au niveau des prés où on a vu la sturnelle des prés pour l’observer de plus près puisqu’à l’aller deux patous et un troisième chien nous ont virés sans ménagement à coup d’aboiements menaçants. Je fais quelques photos d’un cardinal posé au-dessus d’un panneau qui promet une récompense de 5000 dollars pour quiconque apportera des informations sur les gens qui trespasseraient (s’introduire dans une propriété privée). On s’arrête un peu plus loin pour essayer de localiser les sturnelles dont on entend le chant mais rien en vue hormis un joli couple de merlebleus. 

Ulysse reprend le volant et en bonne co-pilote je me mets soudain à hurler : “Demi-toooour! Scissor-tailed flycatcher!!!”. Ce nom de code, c’est celui d’un très bel oiseau qui est clairement sur notre liste des oiseaux à voir (c’est quand même l’oiseau en couverture de Wingspan pour les connaisseurs). On s’arrête sur la bande d’arrêt d’urgence. Les premières photographies sur fil électrique ne sont pas très heureuses mais le couple de tyrans est décidément très coopératif et bouge vers une clôture sur fond de prairie fleurie avant de nous faire une démonstration de vol acrobatique. Les tyrans sont des insectivores percheurs: ils ont un perchoir favori duquel ils s’élancent pour un vol bref et court afin d’attraper un insecte en vol avant de venir se reposer au même endroit (pratique pour les photographes). Dans la prairie, au milieu des fleurs jaunes et blanches, d’autres sturnelles se camouflent parfaitement au sol. 

Ulysse me convainc de bouger avant que je m’installe ici pour les 66 jours restants du roatrip. On reprend la route pour avancer un peu vers le sud du Texas en mettant le cap sur Sabine National Forest à la frontière avec la Louisiane. Les trois ou quatre heures de route nous semblent longues d’autant que c’est le début d’une petite série d’échec de birding. On s’arrête à Swede Recreation Area (Elliot Bluff Reservoir) au milieu du territoire des loutres, des alligators et mieux encore des tortues alligators! Evidemment, on ne voit rien de tout ça et notre tentative voir le Toledo Bend réservoir WMA est un échec car il faut un permis. On roule plus d’une heure vers le sud en direction d’un camping qui s’avère être trois quarts d’heure au nord (le lien vers google Maps sur le site recréation.gov qui liste les campings n’était pas bon). Evidemment quand on s’en rend compte, il est trop tard pour faire demi-tour (à moins de vouloir faire machine arrière pendant une heure) et… plus de réseau sur les téléphones. On cherche sur googlemaps un camping sur la petite portion de carte téléchargée. On tente donc un premier camping qui évidemment ne prend pas les tentes (c’est un camping uniquement pour les RV id est camping cars mais taille américaine). Les propriétaires nous indiquent toutefois qu’il y a plein de spots à la Indian Mount Wilderness Area. Toujours sans réseau, on finit par trouver la zone en question ainsi qu’un spot pour poser notre tente (le tout sans réseau). Dans la forêt mixte de pins et de feuillus qui nous sert de maison ce soir-là, beaucoup d’oiseaux chantent sans qu’on puisse les apercevoir. On se met au dodo à 20h30 après un repas de luxe (semoule, sauce arrabiata et saucisse végétale). Réveil à 6h30: on attaque avec une petite séance de birding mais les oiseaux sont toujours bien cachés à l’exception des roitelets à couronne rubis (Ruby-crowned kinglet). On replie donc la tente toute humide côté intérieur (leçon de camping du jour : ne pas oublier d’ouvrir les aérations). 

Petit point botanique : il y a de la glycine sauvage (wisteria) partout depuis qu'on est arrivé au Texas, ça sent trop bon. 

 

On reprend la route, on traverse un immense barrage. Les forêts luxuriantes de pins et de feuillus ont laissé place à des pineraies dégarnies à la base. 

On tente une autre session de birding à Sam Ray Burn Reservoir ( Ebzenegerl Park). A notre arrivée, une dame pas commode nous accoste alors qu’on vient de prendre notre Day use permit à la machine et nous dit d’un air fâché de ne pas utiliser les tables de pique-nique… Le park est un camping équestre où tu peux amener tes chevaux et chaque emplacement a son petit corral. La encore, on entend plein d’oiseaux mais seuls les libellules et les papillons montrent le bout de leurs ailes.

On va donc un peu plus loin à Boykin Springs Park Recreation Area à quinze minutes de là où on est censé pouvoir trouver des pics à face blanche (je lis en diagonale le guide des sites ornithos locaux dans la voiture pour nous orienter grâce à l’erreur du Texas Parks and WIldlife). Les pics à face blanches (red-cockaded woodpecker), c’est 14 000 individus dans le monde (autant dire pas grand chose) et leur habitat de prédilection c’est un certain type de pins (long-leaf pines)  un sous-bois dégagé. Oui mais voilà, le chemin est fermé pour cause de feux prescrits (et ben oui il faut bien entretenir la forêt pour que le sous-bois reste dégagé) et pas d’autres chemins. Quand ça ne veut pas… La philosophie de cette région sur l'utilisation des espaces naturels semble un peu différente de celle de New York avec très peu de chemins de rando et beaucoup d'accès bateaux et équestres. Après quelques photos papillons et de l’espèce locale (le Texan à chapeau de cow-boy), on se remet en route vers Sommerville Lake à 3h30 de là pour continuer d’avancer vers Corpus Christie. Au fur et à mesure qu’on se rapproche de Sommerville, les arbres sont peu à peu remplacés par des prairies et des puits de pétrole. 

Lorsqu’on arrive enfin à Sommerville (Birch Creek Unit) à l’est d’Austin, on passe du ravissement (des arbres magnifiques et des cardinals partout) au désespoir: l’accueil a fermé il y a exactement trois minutes et un panneau indique que le camping est plein. On fait le tour pour en avoir le coeur net et on trouve des emplacements innoccupés qui ressemblent à des petites clairières bien isolés les uns des autres. Après avoir monté notre tente (qui sent le pipi depuis la veille pour une raison inconnue et qu’on ne veut probablement pas savoir), on fait une balade sur la berge du lac, où on trouve des petits limicoles bientôt chassés par un pygargue à tête blanche (bald Eagle) , un squelette de garpic alligator (Atractosteus spatula, alligator gar en anglais) qui semble tout droit sorti de l’époque des dinosaures, et des tonnes de vautours qui se nourrissent d’une espèce de poisson chat géant échoué. On voit nos premières sarcelles à ailes bleues (Blue-winged teal) sans savoir de quoi il s’agit. En reprenant le chemin vers l’intérieur, Ulysse entend un craquement. On aperçoit la carapace d’un armadillo (tattoo). Le chemin fait une boucle donc nous courons pour croiser l’armadillo lorsqu’il va traverser le sentier. Avec le 600mm, courir relève de l’utopie et j’arrive toute essoufflée juste à temps pour le voir traverser. Je me dis que la bestiole n’a pas l’air super rapide donc au lieu de sécuriser une photo de la bête en entier en contreplongée, je fais un petit squat pour me mettre à son niveau: erreur fatidique! Le sentier est étroit et la bestiole trotte. Vous n’aurez donc le droit qu’à un bout d’armadillo! Sur le retour, on croise deux pics mineurs en pleine copulation et un bousier qui nous font notre soirée (l’avantage des balades naturalistes, c’est qu’un rien vous réjouit tant que vous êtes pas entourés de béton et de boutiques). La poupouille (spécialité d’Ulysse qui consiste à mélanger n’importe quel féculent, sauce, légumes et autres aliments disponibles) du soir devient très vite ma préférée du roadtrip: semoule, sauce tomate, saucisses végétale. Le camping n’a pas d’espace pour faire la vaisselle (c’est le cas de beaucoup de campings pendant notre roadtrip ce qui nous intrigue au plus haut point) donc on finit dans les lavabos étroits des douches avec notre petite bassine embarquée in extremis pour le roadtrip (meilleur idée de tous les temps). D’ailleurs, globalement dans le Texas, l’eau est pas terrible avec un goût de chlore vraiment très prononcé. 

Le lendemain matin, on emprunte le Sommerville trail (chemin) qui relie Birch Creek Unit à Nail Creek Unit. Le sentier fait 13 miles (20 kilomètres) donc on en fait seulement une petite partie. La chaleur orageuse est étouffante. Le chemin pullule de cardinals (qui font des bruits de laser en chantant) et de troglodytes. Ici, les cardinals me semblent bien plus faciles à photographier qu’à New York car ils chantent bien à découvert alors qu’à NY, je les voyais surtout l’hiver où ils adorent se terrer au milieu d’épais buissons. On voit quelques merlebleus et on entend un Viréo aux yeux blancs (white-eyed vireo) mais impossible de le localiser. 

On se rend à Nail Creek Unit couvert de bleu avec ses champs de lupins en fleurs. On s’occupe avec un pluvier kildir et une araignée saltique.  Au bord du lac, pélicans, aigrette et sarcelles me narguent. On emprunte un petit sentier pour trouver des parulines (Warbler) qui sont aux rdv. On arrive même à voir très brièvement un Viréo aux yeux blancs (white-eyed vireo) et j’ai un petit moment d’extase avec une Paruline à collier (Northern Parula) qui nous gracie de cinq secondes immobile pour immortaliser un de mes oiseaux préférés. 

Je quitte à contrecoeur la petite boule de plume car il est temps de mettre le cap sur Corpus Christie. On vise le sud à Padre Island où l’on sait qu’il y a un camping. On traverse Corpus Christie qui est absolument immonde. Je m’imaginais pour je ne sais quelle raison un petit village en bord de mer et pas un immense port pétrolier tout bétonné avec d’immenses échangeurs suspendus. On se trouve à manger Tex Mex dans ce qui s’avère être une chaine plutôt qu’un petit resto indépendant (pourtant le nom était prometteur : Freebird). On échappe à cet enfer au bout de 15 minutes en franchissant un pont qui nous sépare de la langue de sable qu’est Padre Island pour un changement d’ambiance drastique. Des petites dunes couvertes de végétations s’étalent à perte de vue sous le soleil couchant. Un panneau nous annonce qu’il n’y a plus rien après. Sensation étrange après la frénésie de Corpus Christie le tout en l’espace de quelques kilomètres. On aperçoit à contre-jour la silhouette d’un Caracara huppé (Crested Caracara) perché au somme d’une dune. Le Caracara est un faucon tropical qui a en plus la particularité de chasser au sol et non depuis les airs comme la plupart des faucons qui se respectent. Je pile net pour faire quelques photos: tant pis pour le code de la route mais bon on est sur une route qui mène au bout du monde à rien… On arrive au camping en croisant les doigts pour qu’il reste de la place car il fonctionne sans réservation : premier arrivé, premier servi (first come, first serve) mais clairement on n’est pas les premiers. Tout est déjà bien rempli de camping cars et il y a peu de sites mais on trouve quand même un emplacement tout au bout. Je ne suis pas très confiante sur la capacité des sardines à retenir notre petite tente plantée sur le cordon lunaire contre les assauts répétés du vent. On mange nos enchilladas et burritos face à la mer avant une douche froide en compagnie d’une énorme araignée. On remplit nos gourdes en espérant avoir bien compris les indications sur quel robinet correspond à l’eau potable. Ulysse me demande si j’ai mis du sable dans la tente alors que j’ai fais super gaffe. La tente tangue tellement que j’ai l’impression de dormir dans un bateau avec de la houle. 

Notre petit déjeuner est encore à base des biscuits aux flocons d’avoines cramés avec des grumeaux de bicarbonate de soude bien cachés fait par Ulysse avant le départ: un régal! On fait une balade sur la plage au lever du soleil assez brumeux avec les limicoles aux bords des vagues et des lignes de pélicans bruns qui volent au dessus de nos têtes en direction du Nord. 

Le sel nous a déjà rendu tout collants donc on se dirige vers l’autre côté de la bande de sable pour voir la lagune avec ses eaux calmes et peu profondes, vaseuses, pleine de poissons, d'algues et de petits invertébrés bordées par une berge faites d'algues sèches empilées. La faune ornithologique y  est très complémentaire de nos observations précédentes. On y trouve deux Aigrettes roussâtres (Reddish Egrets), un morphe clair et un morphe sombre, un courlis à (très) long bec, des pélicans blancs, des pluviers. On a également revu le Caracara qui a notre passage s’envole pour rejoindre la même butte que la veille. Après un pique-nique pain pita-beurre-fromage (on essaie toujours de finir notre beurre de Troy), on se met en quête d’ombre. On imagine (un peu naïvement) qu’il y aura un carré de verdure au nord de la langue de sable. 

A Port Aransas, notre premier arrêt est un chemin sous un soleil de plomb où on ne voit rien que des tourterelles, des moqueurs polyglottes (mockingbirds) et une buse à queue blanche (White-tailed Hawk) que l’on prend pour un faucon pèlerin en raison de son croupion blanc. Le chemin au bord de la côte n’est plus accessible car le pont a été emporté par une tempête. Les plantes sont en triste état à cause de la tempête de neige de cet hiver. Au milieu des lotissements, on trouve un petit carré de verdure et quelques arbres avec des quiscales (grackles) déchainés et une aigrette mais point de parulines comme annoncé sur e-bird. A l’arrêt suivant, rebelote! Je m’explique! On est passé par Corpus Christi au mois d’avril non pas pour ses magnifiques ports pétroliers mais parcequ’en avril on tombe en plein dans la migration des oiseaux qui remontent des tropiques vers l’Amérique du Nord où ils vont nicher. Padre Island est un point d'atterrissage crucial - une bouée de sauvetage - pour des milliers d'oiseaux migrateurs qui quittent chaque soir la péninsule du Yucatan, traversent le golfe du Mexique en un seul vol de nuit et arrivent sur la côte du Texas en milieu de matinée. Combiné à des conditions météorologiques défavorables à la migration (tempête), on peut assister à un fall-out ou chute d’oiseaux: les oiseaux cherchent à se poser rapidement en cherchant un abri dans les arbres, les buissons et sur le sol où ils restent quelques heures à une nuit. Les zones boisées de l'île regorgent alors d'un arc-en-ciel impressionnant de parulines, de loriots et de grives pour le plus grand bonheurs des birders. J’utilise E-Bird pour voir les observations notées par les autres ornithologues autour de moi. Des birders nous confirment que les parulines étaient bien là la veille au soir mais elles sont déjà reparties pour la suite de leur voyage. On finit par une plateforme d’observation où avocettes, échasses blanches, poules d’eau, gallinules et autres limicoles évoluent autour d’un énorme alligator de trois ou quatre mètres. On décide de manger face à la lagune nos wraps aux falafels à l’abri des rafales de vent pour éviter l’assaisonnement au sable. On rejoint notre camping en passant devant le Caracara fidèle à son poste sur sa butte préférée.  Notre tente a tenu le coup mais c’est devenu un véritable bac à sable. Le sable est tellement fin qu’il passe à travers les filets de la tente même quand elle est fermée (je savais bien que j’avais pas mis de sable dans la tente, non mais!). La nuit est longue mais courte en sommeil: il fait trop chaud et le sable gratte mais je veux essayer de sauver l’intérieur du duvet qui doit me faire les deux mois (échec!). On regarde l’heure : 1h du mat. On se pose sérieusement la question de plier bagages dès maintenant mais c’est un peut tôt. 

Un peu lassés du sable, collants, et peu enthousiastes à l’idée de retraverser Corpus Christie, on décide de descendre plus tôt que prévu vers la vallée du Rio Grande où on espère que les arbres moins rares nous apporterons un peu d’ombre. On se fait quand même une dernière marche sur la plage qui nous permet de trouver plein de sternes au lever du soleil et le rassemblement de pélicans bruns qu’ils semblent tous rejoindre chaque matin avec les longues lignes en vol. On cherche si le caracara est là mais non.

Rendez-vous dans le prochain article pour la découverte de la vallée du Rio Grande.

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