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Septembre 2020: canoës, plongeons huards et explosion de couleurs

Me revoilà.... Bon pour ceux qui ne seraient pas encore au courant, nous nous apprêtons à rentrer en France définitivement après 3 ans passés aux Etats-Unis. Mais avant de prendre notre avion retour, nous prenons 2 mois de congés sabbatiques pour visiter les Etats-Unis et en particulier la côte Ouest. On déménage donc fin mars 2021 en expédiant nos affaires vers la France, avant de se lancer le 1er avril (non non ce n'est pas une farce) dans deux mois de camping, randonnée et ornitho. Ce qui veut dire qu'en ce moment nous gérons donc nos boulots à plein temps, un déménagement à l'international et la logistique de 2 mois de roadtrip, et de mon côté un petit MOOC (cours en ligne sur la conservation de la biodiversité, oui parceque sinon j'avais trop de temps pour faire des grasses mat' les week-ends). Mais bon ça vaut le coup et on a très hâte...  Cela explique donc le rythme de tortue d'avancement du blog (je m'étais fixée comme objectif ambitieux d'être à jour avant de partir mais ça m'a l'air très mal engagé). Sur ces petites nouvelles fraiches, je vous propose de faire un saut en arrière de 6 mois pour vous raconter nos aventures du mois de septembre. 

 

On est donc le 5/6 septembre, la semaine a été compliquée côté professionnel de mon côté avec beaucoup de livrables à rendre en cette première semaine de septembre et toujours le même souci: les journées ne font que 24h. Heureusement un long week-end de 3 jours pointe le bout de son nez (Labor Day). Initialement, on avait prévu d'aller à Long Island avec Eliza et Mathieu comme l'an passé pour voir la migration des limicoles mais en kayak cette fois et montrer des oiseaux très particuliers les Bec-en-ciseaux noir (Black Skimmer) à Ulysse. Sauf que c'est mission impossible de trouver un camping avec le COVID-19 et que certains parcs et plages ont restreint leurs ouvertures aux résidents de Long Island. On abandonne donc mes plans soigneusement préparés pour aller dans les Adirondacks. On part le samedi aprèm en passant par une nouvelle route avec beaucoup de lacs magnifiques, des jolies couleurs d'automne, et des dindes partout partout partout. La route nous fait passer par Tupper Lake un lac immense avec des roselières partout... Au moment où on arrive à notre camping à Higley Flow State Park, on a peine le temps de déplier nos affaires qu'il commence à pleuvoir. Ulysse est très vexée de la pluie et je remballe à la va-vite mes bûches qui ont juste eu le temps de faire un aller-retour dans la suie du fire pit. On mange donc notre repas penauds et bien mouillés dans la voiture avant de se glisser sous la tente sans demander notre reste. Le générateur de la caravane d'à-côté fait un boucan monstrueux mais on finit par s'endormir... Heureusement qu'on a eu un très joli coucher de soleil à l'arrivée.

Fidèles à notre rythme de l'été, on se réveille à 5h et on replie tant bien que mal notre tente trempée. Des cookies en guise de petit-déj sur la route et on se met en route pour Spring Bog. La route est magnifique au lever du soleil avec la brume.... mais toujours pas d'élans... On a les aura cherchés tout l'été sans succès. On rejoint Spring Bog, une réserve gérée par l'association Nature Conservancy au bout d'une piste dont l'entrée est gardée. Après avoir montré notre permis (et oui, il a fallu faire une demande de permis pour aller dans cette réserve), on s'engage sur la piste qui dessert tout un tas de maison privées et de campements semi-temporaires. Le bog  (tourbière) est  magnifique avec son caillebotis dans la brume. La végétation se compose de lichen, des plantes qui ressemblent à des myrtilles et des plantes carnivores (Sarracenia purpurea  si je ne me suis pas trompée sur l'identification). Le chemin est légèrement surélevé par rapport à la tourbière et encadré de pins et d'épicéa entre autres. Au bout du chemin, on observe au loin dans la tourbière deux faucons pèlerins en chasse et des geais bleus. Au milieu de l'îlot de pins que nous traversons, nous croisons par vagues quelques groupes d'oiseaux où s'entremêlent des mésanges, des sittelles à poitrines rousses, des roitelets (premières photos à voir ci-dessous!!)et un viréo (une famille de passereaux endémiques du Nouveau-Monde, ne les cherchez pas en France). 

Comme nous sommes arrivés tôt, que la balade à Spring Bog était courte et l'activité aviaire relativement modérée, on a fini assez rapidement et on se met en quête d'une autre petite randonnée pour l'aprèm. Armés de l'application All trails, on dégote un petit chemin qui nous semble sympa autour du lac Massawepie. On commence en se disant qu'on ne le fera pas en entier puisqu'on voudrait se poser au camping de bonne heure (spoiler alert: on a fini par faire le tour complet de 9km). Le chemin est très joli et démarre en hauteur entre deux lacs sous une pinède avant de se rapprocher des berges du lac Massawepie où un plongeon huard (toujours lui) nargue mon objectif photo au loin. On se retrouve ensuite sur un caillebotis au milieu des libellules et des fleurs avant de finir par traverser un camp scout désert cet été. Absolument partout dans le camp scout très étalé, on voit des pancartes "where is your buddy?" (où est ton copain?) qui nous font beaucoup rire. Ils doivent apparier les enfants par deux et les charger de s'autsurveiller pour être sûr de ne pas en perdre!

On finit par arriver à notre camping Rollins Pond et on dévore notre pain/mozza grillé sur le feu avec notre tartinade à base de tomates/courgettes et aubergines rôties (je rappelle que le jardin continue de nous inonder de tomates donc toutes les recettes y passent) tout en profitant de la jolie vue sur le lac paisible. Après la dégustation d'une pastèque du jardin, on se pose tranquillement au bord du lac près de notre feu avec sac de couchage. C'est d'ailleurs de là que je prends des notes dans mon petit carnet pour consigner nos aventures et m'en rappeler quand j'ai plus de 6 mois de retard sur le blog. Nos lettres et ateliers d'écritures ne sont interrompues que par quelques séances d'observation de deux femelles Grand Harles  qui ont décidé de se reposer sur la berge à côté de nous, juste à la bonne distance pour me faire croire que je vais pouvoir faire une belle photo mais cachées au milieu des troncs qui ne permettent pas de photos autres que documentaires. 

Le lendemain matin, après un petit déjeuner peinard à 8h, c'est activité canoë avec une idée bien précise en tête... On se rend à St Régis Outfitters pour récupérer notre canoë de Pocahontas en croisant sur la piste un aigle perché majestueusement sur un des multiples lacs et des maisons de trumpistes avec le slogan MAGA: Make America Great Again). Après une rapide formation sur comment faire du portage (= transporter ton canoë sur tes épaules pour pouvoir faire une boucle sur plusieurs lacs non reliés), on embarque le 600 mm (mon looooong objectif) qui rentre à peine dans le plus gros des sac étanches. On commence avec un vent de face entre 17 et 25 mph sur Floodwood Pond. Juste avant l'embouchure qui nous permet de rejoindre le lac suivant, on tombe nez-à-nez dans un virage avec deux plongeons huards adultes et leurs deux juvéniles. L'un des adultes, surpris, essaye d'aller sur un monticule de terre émergé et fait du ventriglisse (ils ne sont clairement pas designés pour se déplacer sur terre). Pendant qu'Ulysse pagaye pour nous éloigner d'eux, je capture quelques clichés dont deux de mes photos préférées de cette espèce. Sur le lac suivant (Whey Pond), on croise un autre plongeon huard bien plus calme et tolérant en l'absence de jeunes et sur un lac plus grand que l'embouchure dans laquelle on a croisé les premiers. En se laissant dériver calmement, le plongeon refait surface parfois à quelques mètres de notre canoë sans avoir l'air inquiet du tout. Pour les cormorants et le martin pêcheur croisés un peu plus loin, ce n'est pas la même histoire et ils sont bien moins coopératifs pour les photos... On croise quand même des Grands Harles avec des juvéniles cette fois. A l'avant de notre canoë, je suis les yeux de notre équipage de fortune. Au dernier moment, je vois un bout de bois, avant de m'exclamer "Ulysse: bout de bois? Alligator ?? non attends c'est pas possible!!". Au temps pour moi, l'alligator s'avère être le dos d'une tortue serpentine avec qui il partage toutefois cette allure préhistorique. Alors qu'on rejoint Rollins Pond après notre dernier portage, la houle se lève mais heureusement cette fois le courant va dans notre sens. On surfe sur les vagues et le 600 mm a sagement regagné son sac étanche... On ramène sans encombre notre canoë avant d'aller se ravitailler en bière et cidre à la Raquette River brewing. On rentre, le sourire aux lèvres, contents de notre rencontre tant attendue avec les plongeons huards. <3

Le week-end suivant mi-septembre correspond à un pic de migration d'après le site Birdcast. Je m'arme donc de courage pour régler mon réveil de bonne heure et je me dirige vers la réserve naturelle de Schodack Island qui avait été très productive lors de la migration du printemps. En chemin, je décide finalement de m'arrêter à la réserve de Papscanee Island un peu avant Schodack. C'est un matin très calme, froid et ensoleillée avec un peu de brume. Sur le parking, je repère un premier oiseau, un troglodyte de Caroline qui chante à s'en décrocher les cordes vocales qu'il n'a pas (et oui, les oiseaux n'ont pas de cordes vocales mais un organe appelé Syrinx!). Rapidement le chemin forestier débouche sur les rives de galets de l'Hudson où je surprends un héron qui s'envole. Alors que je profite de la vue et de la sérénité d'un matin solitaire, je me rends compte qu'un deuxième héron est toujours là. Je m'approche peut à petit et tente des photos d'ambiance pour retranscrire la lumière bleutée matinale.

 

Après avoir passé une trentaine de minutes avec le héron et un martin-pêcheur qui pêche au loin, je poursuis ma balade côté forêt. J'y trouve un viréo aux yeux rouges (c'est la bonne couleur d'oeil, l'espèce s'appelle comme ça!) et une nouvelle espèce un peu bizarre marron et bleu. Bon, ma nouvelle espèce n'en est bien sûr pas une, il s'agit d'un passerin indigo en pleine mue (processus de renouvellement du plumage). Chez le passerin indigo mâle, les individus changent complètement de couleur pendant la mue, passant d'un plumage de reproduction bleu indigo à un plumage d'hiver marron. Voilà pour ma découverte du jour. C'est aussi la première fois que je cherche des oiseaux pendant la migration d'automne et l'expérience est très différente du printemps: il y a de l'activité dans les buissons, au vu des frémissements entendus mais les oiseaux sont très silencieux (pas de chant car les chants sont souvent le fait des males pour défendre un territoire pour la reproduction donc plutôt au printemps). Ca ne me facilite pas la tâche pour trouver les oiseaux qui en plus une fois localisés, ont généralement déjà leur plumage d'hiver bien plus terne et moins facilement identifiable. Mais l'avantage c'est que j'ai le temps de voir chaque oiseau et que je me sens un peu moins "débordée" par l'activité autour de moi qu'au printemps.

Je finis sans trop comprendre comment à nouveau sur les berges de l'Hudson sans avoir l'impression d'avoir fait une boucle (mon sens de l'orientation est encore plus mauvais quand je regarde les oiseaux au lieu de mémoriser mon trajet). Je marche sur les traces d'un cerf qui a laissé ses empreintes le matin en allant boire dans l'Hudson et d'un Chevalier grivelé (spotted sandpiper, petit limicole) qui semble me montrer la voie à suivre. Malgré l'heure tardive quand je rejoins afin ma voiture, je décide quand même d'aller rapidement à ma destination initiale Schodack Island. Une moucheronne Phebi m'accueille sur le panneau mais là encore la forêt est globalement silencieuse. Alors que je viens de trouver une libellule géante, je me rends compte qu'une petite Pauline m'observe entre les branches. Je finis ma randonnée en beauté en trouvant une toute toute petite tortue serpentine grande comme mon pouce qui vient juste d'éclore. Je la dépose de l'autre côté du chemin dans le sens où elle se dirigeait afin de lui éviter une rencontre malheureuse avec les pneus d'un VTT. 

 

 La mi-septembre voit arriver une grosse vague de froid (premières gelées) liée aux feux de forêt en Californie dont les cendres ont voyagé jusqu'à la côte Est et teintent les journées d'une épaisse brume. Je ramasse en catastrophe tout ce qu'il reste dans le potager pour éviter à mes petits légumes de geler: tomates, poivrons, citrouilles, haricots, basilic, aubergines... tout y passe et on se retrouve à nouveau avec l'appart plein de produits végétaux entre la dizaine de citrouilles et les tomates encore vertes que j'essaye de faire murir ou que je transforme en chutney. Nous voilà avec un congélateur bien rempli qui nous tiendra jusqu'à la mi-mars.

 

On fête les 30 ans d'Ulysse en petit comité autour d'un feu de bois en extérieur dans le jardin de nos amis Eliza et Sebastian avec Alex, Ben et Cody. Ulysse doit marchander avec nos amis pour récupérer les indices sur la nature de son cadeau.  Nos amis sont inventifs en termes de gages en échange de ses indices et il se retrouve à chanter une chanson en français, parler de lui en anglais à la troisième personne pendant toute la soirée, exécuter une rondade, se creuser la tête sur une énigme et faire une chasse au trésor dans les prises d'escalades du mur de grimpe de Sebastian. 

 

La sortie suivante est pour la réserve d'Albany Pine Bush pour tester le cadeau d'anniversaire d'Ulysse: un bel objectif macro 100mm. Là encore la forêt est très silencieuse au début mais la qualité prime sur la quantité puisqu'on trouve une Paruline à flanc marron en plumage d'hiver que l'on n'avait encore jamais observé dans ce plumage. Après une longue période de cache-cache dans les buissons de chêne, j'arrive finalement à l'apercevoir correctement. On retourne aussi auprès de l'étang où nous avions observé les hirondelles au printemps. Changement de décor: le lac s'est asséché et les hirondelles ont laissé place à des moucherolles phébi, des crapauds, des petits limicoles (chevalier solitaire) dans le terrain vaseux et des tortues qui se dorent la pilule. Je profite de notre escapade pour récupérer ma veste et mon boeuf de naturaliste bénévole à la préserve pour que les gens puissent m'identifier facilement sur les chemins. 

Le lendemain Ulysse me convainc sans trop de difficulté de partir à la recherche du seul lézard de New York (Five Lined skink qui a la queue bleue), au sud de chez nous dans les Gunks. J'amène Ulysse sur le chemin de crête que je fais habituellement pendant qu'il grimpe sur les falaises. On ne croise ni lézards ni oiseaux (à part une petite sittelle et quelques mésanges) mais la vue est très jolie et les journées ensoleillées fraîches d'automne sont un régal. On trouve quelques insectes pour Ulysse pour tester son nouvel objectif macro. 

 

Après avoir annulé notre week-end d'anniversaire d'Ulysse en raison de la vague de froid (-5°C sous la tente non merci), on finit fin septembre par réussir à organiser notre sortie avec Sebastian et Eliza. Un week-end pagaie où on remonte en canoë la Raquette River jusqu'à des cascades où on campe pour la nuit. C'était dans ma to-do list depuis qu'on est arrivé aux USA. A 8h du matin en fermant le coffre de notre voiture, on n'est pas complètement serein sur le fait qu'on va réussir à tout faire rentrer dans le canoë. Sur l'autoroute, on aperçoit une voiture avec une remorque qui contient une montgolfière orange toute plissée qui s'avère être une citrouille d'1m60! Tous les parking de randonnée que l'on dépasse sont plein pour profiter des belles couleurs d'automnes qui s'accentuent en allant vers le Nord. On arrive à Saranac Lake où l'on va louer notre canoë qu'on apprend à fixer sur le toit de notre voiture qui n'a pas de barres. L'embarcadère est à 20 minutes de route de la location alors on essaye de bien mémoriser les noeuds pour pouvoir ramener le canoë le lendemain. Pendant qu'on se rend vers l'embarcadère Axton Landing, les sangles qui tiennent notre canoë vrombissent et font un boucan pas possible avec le vent. On décharge notre canoë  et on transfère tout notre matériel dans les sacs étanches (Dry Bags): un pour le matériel de camping, 1 pour la nourriture et 1 pour le matériel photo et les papiers. On mange un bout avec Eliza et Sebastian avant de s'élancer sur la rivière... du mauvais côté en direction des Crushers. On fait demi-tour et on commence notre remontée à contre-courant de 11km en direction des cascades. 

Les couleurs d'automne sont magnifiques et le soleil nous chauffe le dos. Eliza et Sebastian n'en finissent plus de zigzaguer quand Sebastian est à la direction. On croise quelques sites de camping le long de la rivière et une tortue. Après une pause technique, Sebastian, très respectueux de l'environnement décide de stocker son papier toilette utilisé dans le sac d'Eliza au grand dam de cette dernière. On arrive assez tôt au début du portage qui commence avant les cascades car la suite de la rivière est pleine  de rochers et il n'y a plus assez d'eau en cette saison pour s'y frayer un chemin. On abandonne nos canoës sur la berge pour la nuit et on trouve avec soulagement des terrains de camping déserts (dans la cas contraire, il nous aurait probablement fallu faire demi-tour et trouver un autre spot de camping mais tous ceux qu'on n'avait repéré le long de la rivière étaient déjà occupées). Il s'agit de spots de camping dit primitifs car il n'y a pas d'eau et en guise de sanitaire, il y a juste une bécosse (outhouse, petite cabane en bois qui recouvre des toilettes sans chasse d'eau, avec une porte qui s'ouvre en deux comme les boxes des chevaux pour laisser apparaître la tête de la personne sur le trône si l'envie lui en prend). Chemin faisant, on déloge plusieurs gélinottes huppées (Ruffed grouse), espèce de perdrix. On essaie de trouver un coin sans trop de racines pour planter nos tentes avant de s'attaquer à l'apéro au bord de la rivière qu'un aigle (pygargue à queue blanche) survole majestueusement. On mange notre poupouille de farro (blé) et de légumes à plusieurs centaines de mètres de nos tentes car nous sommes en  bear territory  donc il faut éviter d'appâter les ours tout droit vers nos tentes. Autour du réchaud, on se raconte nos histoires de colos. Eliza et ses frères ont été moniteurs de colo en pleine nature avec des ados difficiles. Le frère d'Eliza, David, pourtant censé enseigner aux ados l'orientation, s'est perdu dans les bois en pleine nuit après avoir été aux toilettes et a passé la nuit dehors à errer. Alors que la nuit est tombée et qu'on finit de rinsouiller notre vaisselle dans la rivière, on range toute la nourriture dans un bear canister: une boîte à ours, espèce de récipient épais en plastique qui se ferme avec un tournevis (dans le cas présent on a utilisé une cuillère) pour protéger la nourriture et les cosmétiques type dentifrices des ours et autres animaux sauvages). Pendant qu'Eliza range tout ça dans le bear canister, une petite souris pointe le bout de son nez, intéressée par nos victuailles. Je me porte volontaire pour aller chercher les brosses à dents aux campements afin qu'on puisse ranger le dentifrice dans le bear canister qui va lui aussi rester éloigné de notre campement pour la nuit. En effet, pour les ours, les dentifrices sont aussi attirants en termes d'odeur qu'un pot de miel! Je m'élance donc bravement dans le noir, très fière de moi lorsque je retrouve l'embranchement dans la forêt qui mène à notre tente. Oui mais voilà, après un petit moment impossible de retrouver nos tentes qui se sont tout bonnement volatilisées. Alors je vous entends d'ici: je sais bien qu'elles n'ont pas pu se volatiliser mais j'ai beau scruter les abords du petit sentier avec ma frontale... Rien du tout! Je fais demi-tour, reprends le chemin principal et tente ma chance par l'autre chemin qui est censé accéder à notre campement.  Mais tous les arbres se ressemblent comme deux gouttes d'eau dans le noir. Ayant bien en tête les mésaventures du frère d'Eliza, je rebrousse chemin tant que je sais encore où je suis  et rejoins les autres qui commençaient à s'inquiéter (le campement étant environ à 250 mètres), un peu penaude. On retente notre chance tous ensemble et on retrouve le campement (je m'étais arrêtée 3 mètres trop tôt sur chaque chemin... sans commentaire). Un petit feu de camp à partir des brindilles collectées aux alentour avant d'aller reposer le fameux dentifrice dans le bear canister (avec Ulysse cette fois) et c'est l'heure du dodo. 

 

 

Après une nuit bien confortable dans notre tente, on se réveille à 6h pour replier notre campement et aller explorer le chemin qui longe la rivière et admirer les cascades couvertes de feuilles rouges avec des Grand Harles en contrebas.  Eliza et moi, on reprend le même petit chemin au retour pour faire des photos et identifier arbres et champignons. Pendant que les garçons filent au campement à toute allure pour déjeuner, on identifie sapin Beaumier (balsam fir avec ses petits grains sur le tronc), Tsuga (hemlock avec des aiguilles plus petites, plus de ramifications et un tronc avec plein d'arêtes),  épicéas ("Spiky" spruce), des érables (striped maple), des pins (eastern White pine), des fougères, et des arbustes (Hobblebush)... 

Après un petit déjeuner à base de wraps, on se remet à l'eau. Le ciel nuageux rend les couleurs encore plus belles que la veille. On tente une approche d'un martin-pêcheur en canoë qui nous laisse approcher juste assez pour me laisser espérer une photo avant d'aller se percher plus loin. Résignée, je m'essaie à la direction à l'arrière, et je suis très fière de vous annoncer qu'il n'y a aucun naufrage à signaler. Deuxième source de fierté de la journée: on arrive à rattacher le canoë sans encombre sur le toit de la voiture. 

Un petit saut à la Raquette River brewing pour une pizza et le désormais traditionnel ravitaillement en bières et on se remet en route via la "route des dindes" pour tenter une photo. 

Voilà pour le mois de septembre 2020. Bonne semaine à vous tous et peut-être à bientôt mais rien n'est moins sur vu le planning de nos semaines. 

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Commentaires: 2
  • #1

    Hélène (mardi, 09 mars 2021 05:25)

    Comme d'habitude, les photos sont absolument magnifiques et font rêver! Et le croc dans les Adirondacks m'a fait bien rire! :D

  • #2

    Virginie (mercredi, 17 mars 2021 18:59)

    Merci pour le récit de vos aventures d'automne, avec les photos qui sont magnifiques, c'est le dépaysement dont on rêve. Profitez bien des prochains mois pour arpenter les USA et découvrir leur faune sauvage. Bisous