Août 20 : épisode bonus Mt Marcy

Episode bonus pour la fin août car j’ai mal compté mon nombre d’épisodes! Et une fois n'est pas coutume, pas une seule photo de bébêtes dans cet article. 

La semaine après Cape Code a été très chargée avec beaucoup beaucoup de travail côté professionnel (petites journées de 6h à 6h) et le jardin en folie qui réclame notre attention permanente. Pourquoi faut-il que les légumes et les contrats avec les clients poussent en même temps. Donc après le boulot, on enchaine tous les soirs avec de la cuisine et de la mise en conserve de nos chers végétaux. C’est là qu’on se rend bien compte que manger local, de saison et zéro déchet, c’est malheureusement un luxe de bobo avec du temps. On part le jeudi soir, direction les Adirondacks au camping de Meadowbrooks à côté de Saranac Lake, non sans dégommer un saladier entier de tomates cerises sur le trajet (c’est toujours ça de moins en mettre en conserve) et les biscuits hebdomadaires de notre ami Eliza! On prépare notre tente et notre sac à dos dans le noir et on se met rapidement au dodo car le lendemain on attaque le Mont Marcy, le plus haut sommet des 46 “high peaks” du massif des Adirondacks. Le réveil sonne à 4h. On conduit sous la pluie jusqu’au départ du chemin de randonnée. Après un petit déj sous la pluie en ruminant personnellement sur nos motivations douteuses pour s’engager dans ce genre de plan foireux (je suis matinale mais pas matinale 4h du matin sous la pluie, voyez-vous), on se met en route sans grand enthousiasme pour nos 24km de dénivelé et 1071 m de dénivelé. Mais le chemin a vite fait de me dérider. Saucissonnée dans mon k-way, mon sac à dos bien à l’abri, on avance sur un chemin de forêt sans pierre ni racines (le luxe) à la lueur de nos frontales tandis que la pluie rince mes soucis de boulot. La nuit et la pluie laisse bientôt place à une brume tenace qui donne une ambiance toute particulière au décor. Le chemin monte doucement mais surement dans la fraicheur du matin. On passe un premier point de vue (Indian Falls overlook) sans vue à part celle sur un brouillard épais. On arrive bientôt en vue du sommet (un gros tas de caillou, du granite?) enveloppé d’un duvet de nuage et la pente se raidit. Un dernier coup de rein et nous voici au sommet des Adirondack surplombant….la purée de pois! On enfile rapidement de quoi se protéger du vent froid et la magie opère…. La vue se découvre mais seulement par à-coup nous laissant entrevoir l’espace de quelques secondes, un bout de montagne par ci et par là. On joue à cache-cache avec le paysage et le découvrir petit à petit ainsi rend le moment très particulier. 

Après en avoir bien profité, on entame la redescente vers 10h30. Comme les gens et les familles commencent à affluer, Ulysse se retourne vers moi et me dit “en fait, cette balade c’est vraiment pour les noobs!” (Traduction pour les gens comme moi qui ont toujours une décennie de retard dans l’usage du vocabulaire à la mode, noob signifie personne novice qui débute). Je proteste, un petit peu vexée avant de retenir un petit cri. Ulysse vient de tomber et de se faire la cheville. Le timing était tellement bon que je vais finir par croire au karma. On repart tant que la cheville est chaude parcequ’il nous reste une dizaine de kilomètres et 1000 mètres de dénivelé à redescendre. On refait une pause à Indian Falls dont la vue s’est dégagée. J’en profite pour photographier les gentianes qui poussent dans le coin (Narrowleaf gentian) et autres plantes forestières (Clintonie boréale=Bluebead Lily, cornouiller du canada = Canadian Bunchberry).   

On décide de faire un petit détour par Avalanche sur le retour pour tenter d’apercevoir l’ours brun qui avait mis en pièce le sac à dos d’une de nos amis récemment. En plus de se rajouter de la distance, le chemin emprunté pour l’occasion est encore plus encombré par des cailloux. Le point positif, c’est qu’il n’y a plus personne sur ce sentier et on peut donc arrêter un temps notre chorégraphie de mise en place et retrait du masque (vive les randos COVID). Le sentier est désert, on y croise même pas un ours. On a appris plus tard que les rangers avaient du l’abattre. Si les campeurs ne sont pas vigilants (pas de nourriture ni de cosmétique dans les tentes mais tout dans des Bears canisters, espèces de boites ours-proof), les ours s’habituent à cette source de nourriture et perdent leur crainte de l’homme. La cohabitation n’est plus possible, au détriment de la faune sauvage malheureusement. Morale de l’histoire: on ne nourrit pas la faune sauvage (à part les oiseaux en hiver dans les jardins). On finit quand même par croiser d’autres bipèdes, en l’occurence deux papis. L’un finit ce jour-là son 46ème sommet et l’autre les a déjà tous fait chacun au moins deux fois (une fois en été et une fois en hiver en condition d’alpinisme)! Au temps pour moi, je retire l’appellation papi. On accélère le pas pour regagner notre voiture (que j’atteins avant le duo infernal de papi randonneurs, petite fierté personnelle!). On s’apprête à rentrer au camping mais on fait un crochet par Saranac Lake pour un smoothie qui se transforme en smoothie pizza. De retour au camping, la douche glaciale rend le lavage rapide et tout à fait approximatif (je suis un petit peu vexée par le panneau “attention la douche peut être trop chaude” à côté de la douche qui laissait entendre un accueil plus chaleureux). Après une grasse mat’ somme toute bien méritée selon nous, on se met sur la route du retour non sans un crochet dans une brasserie locale Paradox Brewery. La première pastèque nous attend au jardin. Ravis de pouvoir se poser un petit peu après ce week-end bien actif, on s'installe confortablement dans le canapé... A peine 15 minutes plus tard, nos téléphones se mettent à vibrer, trembler, sonner,...Alerte Tornade. Je regarde Ulysse d'un air médusé (je ne me rappelle pas d'avoir signer pour les tornades en choisissant de nous installer à New York). On passe donc la soirée au rez-de-chaussée de notre immeuble avec notre masque sur la tête en attendant que la tornade s'éloigne. Finalement, elle passe 30 km au nord de chez nous sans trop de dégâts. Ouf!

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Commentaires: 2
  • #1

    Hélène (lundi, 08 mars 2021 03:56)

    J'adore la montagne dans les nuages, ça rend le paysage très changeant et ça a quelque chose de magique! J'aurai probablement été dans le lot de gens de 10h par contre... :D

  • #2

    titia (lundi, 08 mars 2021 04:00)

    Oui c'était incroyable ce paysage qui se découvrait petit à petit alors qu'on était résigné à une vue purée de pois! On a vraiment pris le pli de se lever tôt cette année et les lumières et les ambiances sont vraiment incroyables... tu passes à côté d'un endroit fantastique énigmatique qui à 10h du matin est un lac tout à fait banal!! Mais le réveil pique!!