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Septembre partie 1/2: des oiseaux à New York City

Rebonjour à tous, me voilà de retour aux Etats-Unis pour de bon... Avant de vous raconter mes péripéties en France pour récupérer un nouveau visa, je vous fais un petit reportage photo du la première quinzaine de septembre aux Etats-Unis où j'ai essayé de profiter au maximum des derniers rayons de soleil d'été en passant tout mon temps dehors. 

On commence par une petite sortie à la Vischer Ferry Nature & Historic Preserve avec Ulysse. C'est notre première fois dans cette réserve recommandée par le club d'ornithologie du coin. On s'élance plein d'enthousiasme à l'assaut de cette magnifique jungle verte....avant de fuir en courant sous les piqûres des moustiques! Mince, on a beau être le premier septembre, ils sont encore là... On sort rapidement des sous-bois pour leur échapper et on suit un petit canal recouvert de lentilles d'eau où se prélassent des petites tortues peintes et des canards branchus pendant que le héron vert surveille les poissons et que le rat musqué s'empiffre! Un écureuil roux s'énerve de notre présence prolongée pendant qu'on essaye d'immortaliser le comportement du rat musqué. 

 

Le week-end suivant, direction New York City avec Eliza pour un week-end 100% ornithologie. On part rejoindre le troisième geek des oiseaux, Matthieu, rencontré au printemps lors d'une sortie à Jamaica Bay. Notre (pas si petite) voiture est remplie comme un oeuf entre le matos photos et observation (jumelles, trépied, guide ornithologique, objectif bien encombrant), les paires de chaussures (bottes, chaussures de randonnée, tongues pour le camping, et une paire de basket pour la conduite), le matériel de camping (tente, matelas, mais aussi tout le matériel de cuisine) sans oublier les provisions alimentaires pour survivre pendant le week-end. On ne voit pas passer les 2h30 de trajet, occupées à discuter et à déguster le cake salé préparé pour l'occasion (une découverte pour Eliza qui ne connaissait pas le concept) et les légumes du jardin d'Eliza. Le trajet passe tellement vite qu'on se retrouve dans NYC sans avoir passé de péage de sortie... A ce jour, le mystère demeure (avons nous passé un péage sans le remarquer?? Improbable mais pas impossible!) Après consultation météorologique de Matthieu, on décide de changer de cap pour la nuit du vendredi soir car des inondations sont probables au camping (qui se situe au niveau de la mer) en raison des précipitations liées à l'ouragan Dorian. On se retrouve donc à l'appartement de Matthieu dans le Bronx dont la chambre se transforme en QG de préparation de la sortie du lendemain. Analyse météorologique, connexion avec les autres ornithologues du coin, il n'y a pas de doute, on a trouvé en Matthieu un guide en or pour le week-end. 

Le lendemain matin après un lever aux aurores et un petit déjeuner à base de brioche maison dans la voiture, on commence par se rendre à Fort Tilden, une ancienne base militaire située sur une langue de sable au sud de Brooklyn. La nature y a repris ses droits depuis les années 70 pour le plus grand plaisir des ornithologues. Sur la plage, on peut admirer des huitriers-pies et des bécasseaux sanderling. Un vrai coup de coeur pour ces petites boules de plumes. Est-ce que vous avez déjà vu le court-métrage de Pixar "Piper"!? Si non, allez voir sur YouTube, votre journée n'en sera que meilleure (Vous pouvez cliquer ici pour arriver directement sur la vidéo en question). Et bien, j'ai vu en vrai l'espèce d'oiseaux qui a inspiré ce film pour la première fois ce jour-là. Ils sont aussi mignons en vrai (voire plus) que dans le film à courir incessamment après les vagues plus grosses qu'eux pour attraper de petites proies dans le sable humidifié par les vagues. En fait quand la vague se retire, ils ont quelques secondes pour attraper la chair des petits coquillages qui sont en train de se refermer entre deux vagues. Sur le retour, on croise entre autres un gobemoucheron gris-bleu, une femelle oriole de Baltimore, et un magnifique papillon ocellé ainsi que mon premier coucou ( à bec jaune s'il vous plaît). 

Matthieu et Eliza m'arrachent difficilement à la contemplation des bécasseaux sanderling grâce à la promesse des Becs-en-ciseaux noir et peut être des pluviers  siffleurs. Mais d'abord, on s'occupe de trouver un peu de caféine pour la pauvre Eliza, un peu malade, que les deux non buveurs de café que Matthieu et moi sommes, avons involontairement privé de son breuvage du matin dans notre empressement à partir sur le terrain. Un café plus tard, Eliza retrouve quelques couleurs et nous nous mettons à la recherche de Nickerson Beach sur Long Island. Long Island est incroyablement long: d'ouest en est il faut compter 3h de voiture. Heureusement, Nickerson Beach n'est qu'à 50 minutes de Fort Tilden. Au milieu des derniers vacanciers, on y trouve encore plus d'huitriers-pie et deux colonies de Becs-en-ciseaux noir. Les becs en ciseaux noir, ce sont ces drôles d'oiseaux noirs et blancs à la morphologie étonnante avec un bec rouge et noir étonnamment grand par rapport au reste de leur corps tout en longueur. Ils nichent sur la plage, et en ce mois de septembre, on peut encore voir beaucoup de juvéniles au plumage plus terne. J'aime décidément beaucoup ces oiseaux qui pour se reposer commencent par poser la tête par terre avant de "s'étaler" de tout leur long. Mais tout d'un coup, Matthieu se met à courir en nous indiquant une espèce rare! Eliza et moi essayons de suivre le mouvement en essayant de savoir à quoi ressemble un bécasseau roussâtre. On se pose à distance respectueuse pour l'observer... Progressivement, il s'avance vers nous. On retient notre souffle et voilà que cette petite boule de plume se retrouve à moins de deux mètre de nous...Trop près pour mon objectif 150-600mm mais parfait pour les yeux. Il finit par s'éloigner comme il est venu pendant qu'on se remet à respirer et que Matthieu s'empresse de reporter auprès de la communauté d'ornithologues locaux la présence de cette espèce rare. En effet, ce bécasseau niche dans la toundra arctique et n'est de passage aux US que pendant sa migration vers le sud de l'Amérique du sud (et plutôt dans des prairies). 

 

Il est donc 14h de l'après-midi, on a déjà vu tellement d'oiseaux que l'on imagine difficilement comment on peut faire mieux. Mais Matthieu nous emmène à Jamaica Bay et plus particulièrement à East Pond. Initialement cet étang qui fait face à JFK est la raison de notre venue ici. En août, le niveau de l'étang baisse et accueille tous les jeunes limicoles (petits échassiers) en migration qui se laissent approcher de très près... Mi-août, Matthieu m'avait expliqué qu'en raison des récentes pluies, le niveau de l'étang était trop haut pour pouvoir assister à ce spectacle incroyable d'où le report à ce week-end de septembre. On se dirige donc vers l'étang au moment de la marée haute qui pousse les limicoles sur cet étang (puisque le niveau est trop haut pour eux sur les plages de bord de mer). On aperçoit directement quelques bécasses, des ibis et des chevaliers en plus des traditionnelles oies (bernache du canada). Matthieu nous fait signe de bifurquer au milieu des roseaux pour aller se poser au bord de la rive à trois mètre de tous petits échassiers. On s'installe avec précaution et quelques minutes plus tard, les petits échassiers reprennent leur activité sans guère se soucier de nous. Le spectacle est magique, le soleil nous chauffe le dos pendant qu'on reste sans voix effarés devant tant de proximité. J'ai le plus grand mal à manier mon grand objectif qui a besoin d'une distance minimum de 2.5 m pour pouvoir faire la mise au point mais un grand sourire reste figé sur mon visage en permanence. J'en profite pour essayer d'apprendre à reconnaitre le bécasseau d'Alaska du bécasseau semi-palmé grâce à un cours en direct de Matthieu sur la couleur des pattes. Evidemment au moment où je vous parle deux mois plus tard, il m' a fallu un temps fou pour retrouver quel espèce est sur quelle photo d'où le délai pour poster cet article (ça et le tri des 974 photos prises pour arriver à une sélection de 250 photos et je ne vous présente dans cet article qu'une petite cinquantaine de photos de ce week-end). Quand je pensais avoir enfin fini de trier et étiquettes mes photos, un personne sur l'application Inaturaliste (application que j'utilise pour vérifier l'identification d'une espèce quand j'ai un doute), me fait remarquer que j'ai confondu bécasseau sanderling avec bécasseau semi-palmé... Me voilà repartie pour un tour de vérification de toutes mes photos de week-end (oui je suis un peu mono maniaque) sachant qu'un bon quart sont des photos de bécasseau sanderling...

Toujours par acquis de conscience, Matthieu nous amène de l'autre côté de l'étang pour vérifier s'il n'y a pas de canards intéressants. On joue à cache-cache avec les orties du coin (poison ivy) et nos bottes prennent tout leur sens quand on manque de s'enliser. 

Notre dernière étape de la journée est une héronnière pour apercevoir le bihoreau violacée que je n'ai jamais vu avant. On s'aventure au milieu des marais (merci les bottes) en pestant contre les amateurs de cerf-volant qui ont abandonné leurs ficelles de cerf-volant de plusieurs dizaine de mètres dans la nature. On croise ces ficelles tous les 5 mètres... Après avoir observé les hérons dans la quiétude du soleil couchant, on s'attaque au nettoyage de la zone en ramassant toutes ces ficelles qui constituent autant de pièges mortels pour les oiseaux. La journée se termine par un bon feu de camp et de bons sandwichs chaud aubergines/mozzarella dans nos hobo pie makers dans l'ancien aérodrome qui nous sert de camping (Floyd Bennet Field), 

Le lendemain, on se lève aussi très tôt pour être à Fort Tilden au lever du soleil.

Mal réveillée, je sors de la tente dans la pénombre et voit Eliza perchée sur la table de pique-nique de notre emplacement de camping. Un peu perplexe, je continue mon chemin vers les toilettes en me disant qu'elle fait probablement une séance de yoga... Elle me rejoint en courant en m'expliquant que je suis passée juste à côté d'un raton-laveur qui explorait notre campement. Un raton-laveur ayant attaqué sa maman quand elle était jeune, Eliza ne faisait donc pas de séance de yoga mais se tenait simplement à distance respectueuse du raton-laveur... Au temps pour moi !

Les prévisions météorologiques en termes de direction du vent et l'ouragan Dorian associées à la saison (migration) laissent penser qu'il pourrait être possible de voir beaucoup d'espèces et peut être quelques raretés. On s'installe sur l'observatoire, avec thé/café, brioche, jumelles, guide ornithologique (pour moi et Eliza car clairement Matthieu n'en a pas besoin) et l'application e-bird pour comptabiliser et lister les espèces. Les espèces passent au-dessus de nos têtes, souvent à contre-jour, parfois loin mais toujours très vite, et il s'agit de les identifier sur la base de leur forme et leur type de vol. L'exercice est bien plus compliqué que de reconnaitre tranquillement à la maison la photo d'un oiseau pris sous tous les angles avec les bonnes couleurs... Matthieu identifie les espèces d'oiseaux à une vitesse impressionnante (je suis personnellement toujours en train de me demander où est l'oiseau dont on parle qu'il a déjà noter l'espèce dans son téléphone) et Eliza nous trouve de belles espèces comme l'engoulevent d'Amérique. Je galère bien comme il faut mais après quelques heures de pratique, j'arrive à discerner les différentes hirondelles. Autant vous dire que je n'ai pas pris beaucoup de photos ce matin-là car manoeuvrer mon gros objectif à cette vitesse là nécessite plus d'expérience et de muscles que je n'ai à offrir ce matin-là. 

 

On repart tranquillement en fin de matinée vers notre camping pour remballer toutes nos affaires et déjeuner les bons petits plats préparés par Eliza. Comme il nous reste quelques heures, on se dirige vers Breezy point, le point le plus au sud de NYC. Il s'agit d'un quartier où l'accès des non-résidents est limité. Impossible d'y garer la voiture donc on prend un Uber qui nous dépose au niveau du chemin qui mène à la plage. On marche sous ce qui semble être un soleil de plomb avant d'arriver au bord de la mer où la brise chaude (de Breezy point) est particulièrement agréable. On y retrouve les bécasseaux sanderlings mais aussi nos deux premiers pluviers siffleurs du week-end. L'un des deux est particulièrement timide mais l'autre accepte de poser pour nous. On va se poser sur la digue au bout de la plage à la recherche des tourne-pierres qui tournent les pierres des rivages pour y trouver des petits crustacés. En attendant que les tourne-pierre se perchent sur les rochers verts d'algues pour une jolie composition, je ferme les yeux le temps d'une micro-sieste... En rebroussant chemin pour rejoindre notre voiture, on croise une nouvelle colonie de bec-en-ciseaux noirs. Ceux-ci se mettent à voler au-dessus de nous en piaillant agressivement. On se rend alors compte qu'ils ont encore un bébé tout petit qu'ils défendent férocement des intrus... On bat en retraite pour ne pas les déranger et on marche sous un soleil toujours écrasant vers la voiture, la tête pleine de plumes...

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